Les limites de la vérité
Depuis la nuit des temps, l’Homme est prêt à lutter, à commettre des crimes, des guerres, des génocides pour la vérité… La vérité ? Laquelle ? N’y en a-t-il vraiment qu’une seule ?
Aujourd’hui encore, certains se battent pour “leur vérité“.
D’autres, philosophes, sont à sa recherche, au point de faire de cette quête le sens de leur vie.
Je pense cependant qu’aucun homme, aucun penseur ne détient la vérité, ni dans sa singularité humaine, ni dans ses théories. Celle-ci se trouve ailleurs. Selon moi, elle se trouve justement dans la pluralité. Telle est ma conviction, que j’aimerais partager avec vous.
Nous pouvons avec horreur nous poser la question suivante : comment un homme, Hitler, pouvait-il avoir de telles ambitions ? Comment a-t-il pu créer cet enfer sur terre, tel Auschwitz et de nombreux autres camps de concentration ? Il semble qu’Hitler avait trouvé sa vérité : pour lui, les juifs, les Tziganes, les homosexuels ne valaient rien. Ils n’étaient même pas des hommes. Une vérité qu’il a par malheur voulu rendre universelle.
Mais Hitler n’est pas le seul homme à s’être battu pour sa vérité. Aujourd’hui, nous voyons des hommes tenter d’imposer leur vérité au prix de leur vie mais aussi au prix de la vie de centaines d’autres. Les terroristes meurent convaincus d’avoir tué pour LA vérité, au point de mériter le paradis.
Le point commun entre ces hommes est de penser qu’une seule vérité existe : la leur. Cela a des conséquences néfastes sur la vie, et l’humanité toute entière.
A une autre époque, des scientifiques ont été brûlés parce qu’ils ont osé affirmer que le soleil était le centre de l’univers, c’était LEUR vérité. Ils ont été brûlés parce qu’ils en bousculaient une AUTRE, celle de l’Eglise. Pourtant, aujourd’hui, ne recevraient-ils pas le Prix Nobel de physique pour avoir fait progresser la vérité scientifique?
En fait, chacun est en quête de sa vérité, c’est le propre de l’homme que de chercher le sens de son existence. Le problème survient quand on croit qu’il n’y a qu’une vérité : la sienne, aussi bonne ou mauvaise soit-elle.
Cette vérité correspond à la manière dont nous voyons le monde par le filtre de nos expériences, savoirs, savoir-faire et savoirs vivre. La vérité devient dès lors limitée.
Qu’est-ce alors que la vérité ?
LA vérité n’existe pas. Ou plutôt il en existe plusieurs et, chaque fois que l’on essaie d’imposer la sienne, elle perd en profondeur. On s’en éloigne chaque fois qu’on considère les choses d’une manière unique.
Sachant cela, la question n’est plus “quelle est la vérité“ ? Elle devient : “comment toutes ces vérités peuvent-elles cohabiter ensemble ?“
Nous devons comprendre que chacun a son vécu, ses expériences, SA vérité. Une pluralité de vérités qu’il faut savoir faire valoir, mais surtout tolérer, et dans lesquelles résident des richesses qui font l’histoire, le présent et le futur. Notre tâche? Ne jamais cesser de remettre en question les vérités, en commençant par la nôtre, pour qu’elles deviennent une vérité plurielle, et que celle-ci nourrisse l’humanité et tous les êtres vivants qui la composent.
Ngendakumana Maximilien, 6GC, IPES Tubize